retour
Saadi
Saadi vécut à
Chiraz, au XIIIe siècle.
Il est un des trois poètes — avec Ferdousi et Hâfiz — unanimement
reconnus comme les plus grands de l'Iran.
Il a porté au plus haut point de
grâce et de délicatesse le ghazal d'amour, donnant aux plus subtiles
idées la forme la plus simple et la plus éloquente.
Dans l'exhortation morale,
la rédaction de sentences ou de proverbes, il réussit mieux que tout
autre auteur de langue persane.
Le bon renom
Que de temps a passé et doit passer encore!
Le sage ne lie point son cœur à ce bas monde.
Fais donc ton œuvre quand tu en as le pouvoir
avant que nul travail ne vienne plus de toi.
O toi qui fus d'abord liquide inconscient,
ô toi qui fus ensuite enfant à la mamelle,
qui grandis quelque temps jusqu'à l'âge nubile,
qui eus taille élancée et visage au teint clair
et qui devins ainsi renommé, champion
à l'hippodrome, en chasse et au champ
de bataille,
ce que tu vis n'est point demeuré en sa place,
ce que tu vois non plus ne restera point stable;
et tôt ou tard, cet être aux formes séduisantes
ne sera plus que terre, ensuite poussière.
Sans doute, un jardinier viendra cueillir la fleur,
car s'il ne le faisait, elle se flétrirait.
Donc, si
de l'homme reste un bon renom,
c'est mieux que s'il reste de lui palais tout orné d'or.