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                       Daqiqi

    Daqiqi est l'un des poètes les plus doués du Xe siècle.
   Il fut certainement un maître du panégyrique.
   Un millier de distiques ont été recueillis par Firdousi.

                            ODE PRINTANIÈRE

Une idole, une fée, une traîtresse ayant la taille du cyprès et l'éclat de l'astre des nuits,
Depuis que j'ai vu ses yeux noirs, me fait teindre mon sein de mes larmes de sang.
O vous qui ne voulez pas perdre votre cœur, gardez-vous bien de voir ces cils empoisonnés.
Vous qui ne voulez pas rencontrer le malheur, entrez
  dans un brasier, mais évitez sa porte.
Sa joue a le teint de la flamme  
et l'amour qu'elle inspire est un feu dévorant.
Sa taille est celle d'un cyprès d'argent, 
mais au sommet duquel un astre brillerait.
Heureux ce teint pareil aux brocarts de la Chine, 
qu'envient les frais pétales de la rosé.
Heureuse cette bouche : c'est pour elle  
que le baiser du Paradis descendit ici-bas...

Quand j'entendis le nom de cette belle, 
des larmes rouges coulèrent de mes yeux.
Le spectre de la séparation se dressa devant moi, j'aperçus ce fantôme affreux et détestable.
Je craignis que soudain de mes bras  
il n'arrachât ce bouquet de jasmin.
Si elle me quittait quand donc la reverrais-je? 
quand ma peine passée porterait-elle ses fruits?
J'ai tant pleuré que mes larmes 
 à la terre ont donné le teint de mon amie.
Pareil au teint de mon amie est devenu le monde, 
et l'on dirait qu'il s'est lavé avec de l'eau du Paradis.
Le voilà tout entier semblable à l'Étendard des Souverains,

aux soieries à figures et aux étoffes de Koufa.
Il a revêtu sa robe d'avril 
 et dépouillé son manteau de décembre.
Dans les jardins les roses sont ouvertes,  
on croirait voir les parterres d'Eden
Ou des houris du Paradis tenant en main 
chacune un encensoir de rubis.
La campagne ornée de cent figures, 
couverte de soieries à ramages et à rayures
Est pareille au palais de notre émir 
dont la porte est ouverte à tous les hommes nobles.
La douce brise qui s'émeut à l'aube 
émeut avec elle les arbres rouges ou jaunes.
On croirait que du ciel les astres sont tombés  
en pluie sur un brocart vert.
Couleur sur couleur, figure sur figure,  dessin sur dessin par milliers.
Regarde là sous la soie verte 
pendre le citron vert et le citron jaune :
L'un est comme une capsule d'or fin,  
l'autre semblable à un œuf d'ambre gris.