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La Mekke à la naissance de Mahomet.
Au moment de la naissance de Mahomet (570), la ville de La Mekke était, depuis plus d'un siècle, le centre commercial le plus important du Hedjaz, sur la route des aromates qui conduisait du Yémen à la Syrie. C'était alors une étape religieuse pour les Bédouins de toute l'Arabie (ils venaient y adorer leurs idoles -plus de 360- dressées autour de la Ka'ba et y faire leur pélérinage annuel ) et étape commerciale pour leur caravanes.
La structure politique de la cité de La Mekke, à la veille de l'Islam, est floue. La règle d'or est celle de l'individualisme et de la solidarité clanique : bien souvent le destin d'un homme dépend de celui de sa tribu ou de son clan.
Quand il y a des questions d'intérêt général à régler, les personnages influents se réunissent en une assemblée où l'on délibère des conduites à tenir, chaque groupe étant ensuite libre d'agir à sa guise.
La justice est gérée par le clan et, en cas de litige entre deux clans, l'affaire se termine, dans les cas les plus graves, par la vendetta et, dans les autres cas, par le paiement du prix du sang ou par des transactions.
La prospérité de La Mekke garantissait celle de tout le Hedjaz, et les nomades, batailleurs et pillards, le savaient fort bien. Ils participaient, en qualité de guides ou de chameliers, aux carava­nes mekkoises : convenablement rétribués pour ces services, ces Bédouins avaient ainsi leur part du gâteau et nul territoire n'était plus sûr que celui de La Mekke.
C'est dans ce haut lieu de la tranquillité financière et du négoce que le Prophète a d'abord communiqué la parole de Dieu, le Coran, et il n'est pas étonnant qu'il ait dérangé l'égoïsme et le conformisme de certains Mekkois et que ceux-ci aient voulu le combattre.
Comment connaissons-nous la vie du Prophète ?
 Il ne nous reste aucune trace matérielle ni de son existence, ni de sa prédica­tion, ni de ses actions ; et on ne possède aucun écrit de la part de ses contemporains.
-          La première « Vie » du Prophète a été rédigée tardivement, un siècle environ après sa mort, par Ibn Ishâq (v. 707-773).
-           Les autres sources sont plus tardives, mais extrême­ment importantes. Il s'agit, d'une part, du Hadïth (« la Tradi­tion »), ensemble de récits retenus par les Compagnons du Pro­phète, transmis aux croyants et recensés systématiquement deux siècles environ —et parfois davantage — après la mort de Mahomet
-         d'autre part, d'oeuvres écrites à peu près à la même époque par des érudits religieux, dont le type est l'historien al-Tabarî (839-923), auteur de monumentales Annales.
Mahomet a vécu à La Mekke, du jour de sa naissance, sans doute en 570 jusqu'à ce qu'il eût atteint l'âge de cinquante-deux ans, en 622. Il n'a pas connu son père, Abd Allah, mort avant sa naissance. Très jeune, il reçut le sceau de la Prophétie .
A vingt ans, l’orphelin Mahomet entre au service Khadïja, riche veuve qu’il épouse en 595 et qui lui donnera sept enfants dont Fatima. Il devient alors riche et respecté pour sa supériorité morale : c'est lui qui arbitre la querelle entre les quatre clans qurayshites qui se disputaient l'honneur de sceller la Pierre Noire dans la façade de la Ka'ba reconstruite et il pratique avec piété le culte des ancêtres et les cérémonies rituelles qui consis­taient, en particulier, à tourner autour du sanctuaire.
(Les Arabes pratiquaient la polygamie avant l'Islam, comme de nombreux autres peuples, mais sans règles. Le Coran a limité le nombre des femmes légitimes à quatre, sans compter les concu­bines. Toutefois, le Prophète a eu jusqu'à neuf femmes simulta­nément. Les unions qu'il a décidées ont toujours été en rapport avec des soucis politiques ou avec le respect d'une coutume.)
Sur le plan de la vie familiale, Mahomet, maintenant riche et assuré du lendemain, accueille dans sa maison son cousin Ali, fils d'Abû Tâlib, pour soulager celui-ci, qui était tombé dans la misère. (Après l'Hégire, Alï épousera Fâtima, la fille préférée de Mahomet; il devint quatrième calife en 656, dans des circonstances troublées et il mourut assassiné en 661, devant la porte de la mosquée de Coufa.)
La révélation.
Mahomet a reçu l'appel de Dieu à l'âge de quarante ans, selon la Tradition, sur le mont Hirâ, à quelques kilomètres de La Mekke, dans une caverne longue et étroite, orientée par la nature vers la Ka'ba, dans la nuit du 26 au 27 du mois de Ramadan en l'an 610 aprèsJ.C. , par l'intermédiaire de l'ange Gabriel qui lui commanda de réciter la Parole de Dieu. (Sourate 96)
Comment Dieu communiquait-il avec Son Prophète ?
Mahomet ne connaissait ni le Livre Sacré de Dieu, ni la foi; mais Dieu, par une décision arbitraire en a fait une Lumière. De sorte que le Prophète peut réciter le Livre Sacré comme s'il l'avait directement devant les yeux.
La seconde manière de la Révélation, c'est celle de Dieu parlant derrière un voile. Ici, il n'y a pas «vision», mais «audition» de Celui qui parle.
Le Coran a été révélé à Mahomet en arabe, langue inégalable, inimitable et « les autres hommes renonce­ront à leur langue pour lire le Coran ».
La prédication.
La prédication publique commence en 613. Cette période est marquée, bien évidemment, par la divulgation des «sourates de La Mekke» (86 sur les 114 sourates du Coran)
C'est autour de cette prédication que se constitue, à La Mekke, la première communauté musulmane que menace, assez rapidement, l'opposition conservatrice de deux clans
- pour des raisons  religieuses (Mahomet, en attaquant les idoles des polythéistes, avait choqué leur conscience car conservateurs, réactionnaires même, toute nouveauté — surtout si elle avait quelque succès — les révoltait.)
  -    pour d’autres raisons : Mahomet ne critiquait pas seulement les idoles, mais aussi le mode de vie, la cupidité — et, à la limite, la malhonnêteté — des riches financiers qui, pour la plupart, appartenaient aux clans en question. De plus, le message individualiste du Coran introduisait la division dans le clan et dans la famille, entraînant avec lui les jeunes dans ce que les respectables conservateurs considéraient comme une folle aventure. Enfin, du fait même de son succès, Mahomet apparaissait comme un danger politique : ne risquait-il pas de prendre le pouvoir, soutenu par ses fidèles, et de mettre en péril la situation prépondérante des deux clans ?
En 615, les persécutions commencent: attaques verbales et insultes à l'égard des convertis nantis ou aisés, violences physi­ques contre les esclaves et ceux qui n'avaient pas, derrière eux, un clan pour les défendre. D'après les auteurs arabes, cette situa­tion met en péril l'œuvre de la Prédication, et le peuple se détourne du Prophète; celui-ci, pour protéger ses fidèles, organise leur émigration vers l'Abyssinie, où il n'y avait pas de persécutions à craindre .
Les versets sataniques.
C'est vraisemblablement dans la même année 615 que se passe l'affaire des versets sataniques et des idoles. Les incrédules proposèrent un compromis à Mahomet : nous adorons ton Dieu, tu adores nos divinités, et que le meilleur gagne. Le Prophète refusa, et la répression reprit de plus belle.
Dieu révéla à Mahomet la sourate intitulée l'Étoile et Mahomet la récita au lieu de prière, à la Ka'ba, où étaient réunis les Qurayshites. Or il se trouva, nous disent les anciens biographes, qu'Iblïs (nom arabe du diable) était placé derrière le Prophète, invisible mais présent, et qu'il mit dans sa bouche, à la place de deux versets, les versets glorifiant les idoles. Le lendemain, Gabriel visita à nouveau Mahomet, lui fit réciter la sourate, releva la faute satanique et le Prophète, effrayé, retourna à la mosquée et récita la sourate comme elle devait l'être.
L'année suivante, en 616, l'opposition prend un tour nouveau. Ce ne sont plus uniquement les fidèles que l'on poursuit, mais le clan de Mahomet tout entier et leurs alliés. La pression est économique : plus d'affaires, plus de négoce, plus de mariages. En deux ans, les plus à l'aise d'entre eux sont ruinés dont  Khadïja qui meurt en 619.
L'hostilité des Qurayshites rendait la situation de la commu­nauté musulmane intenable. Il devenait urgent de la déplacer, et d'aller prêcher l'Islam ailleurs. Mahomet décida de se tourner vers une cité voisine, à trois journées de marche de La Mekke, le centre commercial d'al-Tâ'if pour demander aide et protection contre les Mekkois, Mais il est éconduit, chassé sous des jets de pierres.
L’Hégire.
En 620 Mahomet va chercher une cité-refuge plus éloignée que al-Tâ'if, la ville de Yathrib, (Médine) à 350km au Nord de La Mekke. C'était alors une grande oasis, où s'étaient développés des hameaux épars, entourés de palmeraies et de champs cultivés, qui s'étendait sur une bande de 30km2 environ.
Deux grandes tribus arabes dominaient l’oasis dont les clans se disputaient terres, troupeaux, pâturages; ces conflits dégénéraient souvent en guerres claniques sanglantes. Cette instabilité politique explique peut-être l'accueil positif fait à Mahomet, qui allait pouvoir jouer, à Médine, le rôle d'un rassembleur et d'un pacificateur.
En juillet-août 622, Mahomet organise l'émigration de la com­munauté musulmane, soit soixante-dix personnes en tout et pour tout de la Mekke à Médine.
Mahomet échappe à un attentat en se réfugiant avec Abu Bakr dans une grotte.
Une semaine plus tard, le vendredi 24 septembre 622, le Prophète arrive au lieu appelé Qubâ, au Sud de l'oasis de Médine.
Ce déplacement de Mahomet et de ses fidèles à Médine est appelé l'Hégire, du latin hegira qui est la forme latinisée de l'arabe hijra, dérivé du verbe hajara qui signifie ; « rompre une association avec quelqu'un» ou «éviter une association».
Un mot enfin sur l'ère musulmane. Elle commence au premier jour de l’année lunaire dans laquelle eut lieu l'hégire, événement daté du 24 septembre 622 de l'ère chrétienne par Ibn Ishâq; toutefois cette date a été contestée et l'on s'accorde à dater l'hé­gire du 16 juillet 622.
L'an I de l'Hégire a donc débuté le premier jour de l’année lunaire qui contient le 16 juillet 622 grégorien.
Origine de la prière du vendredi.
En 621, alors que Mahomet était encore à La Mekke, il envoya un homme à lui, Mus'ab, pour enseigner l'Islam aux premiers convertis de Médine.  Celui-ci demanda aux autorités de l'oasis la permission de réunir les nou­veaux croyants. L'autorisation lui en fut donnée à la seule condi­tion qu'il respecte le jour consacré par les juifs à la préparation du sabbat, c'est-à-dire le vendredi ; ainsi fut institué dans l'Islam le culte du vendredi (l'équivalent du dimanche pour les chré­tiens), à partir d'une coutume juive. On a dit plus haut que Mahomet entérina cette prescription et fit sa première « prière du Vendredi » lors du premier vendredi qu'il passa à Médine.
Mahomet à Médine.
Après avoir passé quelques jours à Qubâ, Mahomet se rendit à cheval au centre de l'oasis et choisit le lieu où serait construite sa maison et où serait édifiée la mosquée. Le cinquième jour, c'est-à-dire un vendredi, il fit sa première «prière du Vendredi» à Médine. La maison du Pro­phète, la cour qui la prolongeait, le tombeau du Prophète et celui de Fâtima, sa fille aînée, forment un ensemble sacré, au centre de la Médine moderne; les compagnons de Mahomet s'installèrent tout autour, et cette région centrale de l'oasis de Yathrib, alors peu peuplée, devint le cœur de la vie religieuse, politique et militaire de la communauté musulmane primitive.
Les partisans mekkois furent appelés les « Ëmigrants » ; les Compagnons médinois furent nommés les « Auxiliaires ». Cette distinction est déjà dans le Coran, qui promet la vie éternelle dans des jardins où coulent des ruisseaux aux «Précurseurs et aux «partisans qui les escortèrent dans le bel agir »
Changement de qibla ( direction dans laquelle le croyant doit se tourner pour prier),  début du mois de février de l'année 624.
Immédiatement après l'Hégire, à Médine, le Prophète et tous les musulmans prient en s'orientant vers Jérusalem, comme les juifs. Puis, au début de l'année 624, alors que les rapports entre Mahomet et les juifs de Médine commençaient à se tendre (les juifs de la tribu Qaynuqâ' seront expulsés en avril/mai de la même année), le Prophète décide de changer la qibla : dorénavant les musulmans prieront dans une autre direction que les chrétiens et les juifs, dans la direction de la Mosquée sacrée, c'est-à-dire la Ka'ba. En résumé, la prescription de la qibla a été initialement empruntée au judaïsme (et au christianisme), et qu'elle est devenue, assez vite, spécifique­ment musulmane.
Institution du jeûne annuel .
En mars 624, après la première victoire des musulmans contre les Mekkois ( bataille   de Badr), Mahomet déclara le jeûne de    l’ Ashura juif facultatif (rappelant le passage légendaire de la mer Rouge par les Hébreux) et institua le jeûne du mois de Ramadan, pour la commémorer.
La période médinoise de Mahomet.
Elle a duré dix ans, de l'Hégire jusqu'à sa mort, en 632. Au cours de ces dix années, l'activité du Prophète fut extraordinairement diversifiée. Non seulement il établit les doctrines et les pratiques de la nouvelle religion, telles qu'elles lui étaient révélées par Dieu (du moins c'est ainsi qu'il les considérait), mais encore se préoccupa-t-il de propager la foi monothéiste qu'il prêchait parmi les tribus païennes qui peu­plaient la péninsule arabique, ce qui lui imposa de multiples expéditions militaires et idéologiques contre La Mekke d'abord (entre 622 et 630), puis contre les tribus de l'Ara­bie pendant les deux dernières années de sa vie.
Dans le même temps, il créait ce qu'on peut appeler la société islamique dont le système politique, juridique et économique est défini par le Coran, c'est-à-dire fondé sur des bases religieuses.