Tapis de Tradition               TRAD

         


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La première manifestation artistique que l'homme a ressenti le besoin d'exprimer est son rapport avec tout ce qui était alors perçu comme surnaturel; tout ce qui est, au-delà de toute  compréhension humaine possible.

Le ciel, le feu, le jour, la nuit, la vie et la mort participaient à une spiritualité profonde qui tournait toute pensée vers la nature  et ses multiples signes, en les interprétant sous un aspect divin.

De ce besoin de transcrire graphiquement le surnaturel, ou ce qui était considéré comme tel, est née l‘habitude de tracer des signes de protection contre le sort ou de bon augure.
Une fois reconnue, identifiée, la divinité était invoquée pour toute chose, bonne chasse, sauvegarde et tutelle.
En Orient, le tapis a toujours rempli une double fonction, à la fois pratique et symbolique.
Il constituait en effet un espace magique où les bordures représentaient les éléments terrestres et humains érigés en défenseurs du champ, représentant  l'univers et le divin.
Le champ d'un tapis symbolise indiscutablement le caractère indéfini de la figure divine, présent dans plusieurs religions mais qui, dans la religion musulmane, est un concept essentiel. Allah est partout, en tous lieux, et le champ du tapis, formé de points infinis, représente précisément cette idée.
Tout comme chaque dessin, le tapis peut donc être le médiateur entre Dieu et les fidèles, et la multiplication d'éléments modulaires dans le champ rend graphiquement l'idée de ce concept d'ubiquité du centre.
 
De la même manière, dans les modèles à médaillon central, les quatre quarts de médaillons appuyés aux angles du champ sont là pour suggérer l'idée de répétitivité à l'infini.
Les symboles qui apparaissent autour de cet espace représentant symboliquement le divin ne sont rien d'autre que les intermédiaires qui vont favoriser l'élévation du fidèle en le plongeant dans un univers paradisiaque en contact avec la divinité, et cela même lorsqu'ils reproduisent  fidèlement et simplement des éléments naturels.
Évidemment, cet espace sacré doit être restreint et ne pas être souillé par la sphère profane.
C'est dans ce but que l'on a créé les bordures.
 Les motifs, très divers mais désormais bien répertoriés, qui les habitent sont toujours et de façon obsessionnelle répétés à l'identique sur tout le périmètre du tapis.
 C'est là une simple mais efficace façon symbolique de rappeler la petitesse, la fragilité et le lent, inexorable et éphémère parcours de l'homme par rapport à l'infini divin.