retour Une histoire des tapis
9) Le tapis et les relations orient-occident aux XVIIe et XVIIIe siècles |
Le XVIIè siècle est, pour quantité de nations
européennes, une ère de grande prospérité. Les relations mercantiles avec le
reste du monde sont florissantes; 1600 : Sous le règne d'Elizabeth 1, création de la Compagnie britannique des Indes orientales; 1602 : Création de la compagnie hollandaise des Indes orientales 1664 : Création de la Compagnie française des Indes orientales. Le commerce des tapis d'Orient est en plein essor. Cette période coïncide avec l'apogée de la production textile de Perse. Sous la dynastie des Séfévides (1501‑1736) les tapis persans sont d'une qualité et d'une beauté exceptionnelles, aussi il n’y a pas lieu de s'étonner si quantité d'entre eux entrent dans grandes maisons européennes. Au bout du compte, au XVIIIè siècle, l'importation de tapis d'Orient prend un tel essor, que ces tapis ne sont plus le privilège exclusif des classes supérieures. On les rencontre fréquemment dans les manoirs de province où ils décorent généralement les salons et les salles à manger. |
Les copies de tapis d'orient: Comme les tapis d'Orient se vendaient très cher en Occident, des copies d'authentiques tapis persans, moins coûteuses, de qualité inférieure, au lissage souvent beaucoup plus lâche et au décor par conséquent moins raffiné et moins précis, étaient fréquemment fabriquées dans les villes occidentales. L'industrie du tapis existe au 13è siècle en Espagne, les autres pays européens en font autant mais bien plus tard : début du 16ès pour l’Irlande, milieu du 17è pour la France. |
En France: Pour limiter les importations de tapis d’orient, sous l’impulsion d’Henri IV ( 1589-1610), le tapissier Pierre Dupont crée un atelier sous la galerie du Louvre avec l’objectif spécifique de réaliser des exemplaires « à la façon du Levant et de Turquie ». Louis XIII ensuite crée à Chaillot, dans les environs de Paris, en 1627, la grande manufacture royale de la Savonnerie, installée dans une fabrique de savons désaffectée.La main d’œuvre était entièrement masculine, les productions exclusivement destinées à la Cour. |
Les besoins royaux en tapis: Par exemple, l’ameublement de Versailles représente d’énormes commandes. La galerie d’Apollon et la Grande Galerie demandent plus de 100 tapis de vastes dimensions aux armes du roi. Ils répondent à la composition des plafonds et sont totalement intégrés à l’architecture. |
En 1742, Louis XV offre des tapis de la Savonnerie au sultan ottoman. Il était certain de l’impressionner avec des chefs d’œuvre dont les bords étaient brodés de fils d’or. Pour l’anecdote, la Savonnerie créa ensuite des motifs, tel celui présenté dans ce tapis du début du XIXè siècle, qui seront ensuite copiés en Orient, juste retour des choses. |
En Angleterre: A cette époque, en Angleterre, on assiste à deux phénomènes parallèles qui semblent contradictoires et qui sont en fait, complémentaires : Fabrication massive de tapis mécaniques, produits à des prix de revient relativement bas, exécutés sur mesure, selon les besoins du commanditaire, ces tapis supplantent par la demande, les tapis d’orient, au point que, entre 1770 et 1850 on ne trouve plus guère de tapis turcs ou persans dans les tableaux représentant des intérieurs contemporains à la mode. Parallèlement, toujours au milieu du 18è siècle, on assiste au retour du tapis à point noué, lissé à la main par des manufactures, dont celle de Thomas Moore de Londres, qui pouvait porter sur sa carte de visite : « Premier fabricant anglais dont les tapis en velours royal ( à point noué) sont exécutés selon la méthode des tapis persans. En 1763, Moore obtient la garantie royale de qualité et le titre de Universal Director car ses tapis de fabrication anglaise avait atteint « une perfection supérieure à celles des tapis persans » Aux Etats-Unis : Pendant près de 150 ans, de 1750 à 1900, les tapis fabriqués en Angleterre furent très demandés. |